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Les cloches de la solidarité

Dans le Doubs, les éleveurs se mobilisent pour soutenir la fonderie Obertino, partenaire historique de leurs comices et concours d’animaux.

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Insidieux, le Covid-19 a fait des victimes pour le moins inattendues : les cloches en bronze, traditionnellement attachées au cou des animaux primés lors des comices et des concours, se sont retrouvées orphelines, à cause de l’annulation de tous les rassemblements d’animaux. Une catastrophe dans le département montagneux du Doubs où les cloches, encore fabriquées localement, font partie intégrante de l’histoire et du patrimoine. Au même titre que la race montbéliarde ou le comté. « À la fonderie Obertino de Morteau, deux tiers des commandes, soit un millier de cloches par an, sont le fait des agriculteurs et de leurs organisations », souligne Philippe Schaller, président de la Fédération départementale des comices depuis dix-huit ans. Pour soutenir l’entreprise et sauvegarder son savoir-faire artisanal, les responsables du monde de l’élevage ont eu la bonne idée, à l’approche de Noël, de lancer une fabrication spéciale. Organisations et éleveurs ont été invités à acheter une « cloche de la solidarité ». Des bons d’achat ont été distribués par les comices et le syndicat de la race montbéliarde pour réduire la note (200 € HT). L’appel a été entendu au-delà des espérances : d’une coulée par semaine (45 kg de cloche), l’activité est remontée à quatre en fin d’année. L’initiative a suscité de la curiosité au-delà des frontières. Les télévisions suisse, allemande, autrichienne sont venues sur place rendre compte de ce formidable élan de générosité.

Les comices, une institution vieille de deux siècles

Une valeur encore bien vivante, que l’on cultive à l’occasion des comices, ces concours d’animaux cantonaux qui sont autant d’occasions de rassembler les générations et les forces vives du territoire. Même les anciens qui ne peuvent plus marcher sont là ! Nés, en 1851, de la volonté de l’État de favoriser l’essor de l’agriculture, ces rassemblements ont gardé une vitalité et une aura particulières dans le Doubs, département à l’identité forte. « Avec 21 comices encore aujourd’hui, il n’existe aucune zone blanche dans le département, même sur le secteur industriel de Montbéliard », se félicite Philippe Schaller. Dans le Haut-Doubs, aux confins de la Suisse, le banquet traditionnel, baptême du feu pour tout nouveau préfet et sous-préfet, y perdure avec une dizaine de discours(1). Le super-comice de Pontarlier, organisé une fois tous les cinq ans avec 600 animaux, a dû être reporté au 23 octobre 2021. L’occasion pour les éleveurs, de partager avec le public, au cœur de la ville, leur passion et leur métier.

Anne Bréhier

(1) Maire, président du comice, représentant de la sphère syndicale, élus du conseil départemental, de l’État…

© A. B. - Les cloches non seulement récompensent les meilleurs élevages, mais elles accompagnent aussi, dans les familles, les grands événements (naissance, mariage…).A. B.
© Dominique Gouhenant - Comice agricole. Être président d’un comice dans le Doubs est une fonction plus qu’honorifique : c’est représenter tout un territoire.

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